|  |  |  |  | Article 
        du Benezit 
        - Pierre Cabanne 
        - Claude Roger Marx - René 
        Barotte - Lydia Harambourg 
   Article 
        du Benezit, par Jacques BUSSE :  HUMBLOT Robert Né 
        le 13 mai 1907 à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Mort le 14 
        mars 1962 à Paris. XXe siècle. Français.Peintre de compositions à personnages et allégoriques, figures, 
        portraits, paysages, natures mortes. Réaliste-synthétique. 
        Groupe Forces Nouvelles.
 Il abandonna, à vingt-quatre 
        ans, des études de sciences naturelles au Museum d'Histoire Naturelle 
        de Paris, pourtant déjà très avancées et qui 
        le passionnaient, pour suivre d'abord des cours de dessin, notamment à 
        l'Académie de la Grande-Chaumière. Puis, en 1931, il entra 
        à l'Atelier Lucien Simon à l'École des Beaux-Arts 
        de Paris, où il travailla jusqu'en 1934. Il voyagea en Italie, 
        surtout à Venise, en Espagne, en Provence puis en Bretagne, contrées 
        auxquelles il revint souvent, peignant ça et là de nombreuses 
        oeuvres. Il voyagera ensuite aussi en Hollande, en Afrique, aux Antilles, 
        au Mexique. En 1935, avec Georges Rohner, qu'il avait connu aux Beaux-Arts, 
        et Henri Jannot, il participa à la création du groupe Forces 
        Nouvelles, avec lequel il exposa jusqu'à la guerre. Fait prisonnier, 
        il s'évada en 1941, rapportant d'Allemagne et du Tyrol autrichien 
        dessins et paysages, rejoignant le groupe d'Oppède, se réfugiant 
        à Villefranche-sur-mer, puis en Auvergne, se fixant finalement 
        en forêt de Fontainebleau. Il a participé à de nombreuses 
        expositions collectives depuis 1932, à Paris : aux Salons des Indépendants 
        et d'Automne, ainsi qu'à Sofia, Bruxelles, Luxembourg, Madrid, 
        New York, etc. Il fit sa première exposition personnelle à 
        la galerie Billet-Worms de Paris en 1936. Après son retour de captivité, 
        une exposition à Paris, de paysages rapportés de l'IIe d'ouessant 
        attira de nouveau l'attention sur lui. De 1943 à 1950, il exposa 
        à Paris dans les galeries Van der Kfip et Barreiro, puis en 1950 
        galerie Framond, et de 1955 à sa mort galerie Romanet. En 1952, 
        il reçut le Prix Conté-Carrière, en 1953 le Prix 
        de la Biennale de Menton. Après son décès, le Musée 
        Galliera de Paris organisa une exposition rétrospective de l'ensemble 
        de son oeuvre. D'autres hommages posthumes lui ont été rendus, 
        notamment au Salon d'Automne en 1987, puis en 1988 à la galerie 
        Bernheim-Jeune, en 1991par le XXe Salon de Montmorency, en 1998 à 
        la galerie Bernheim-Jeune Les années 30-40-50.En 1934 à Paris, deux expositions eurent la plus importante répercussion 
        sur ses années de formation : Les peintres de la réalité 
        en France au XVIIe siècle au Musée de l'Orangerie, et Les 
        Le Nain au Musée du Petit-Palais. Dans ces années où 
        l'Ecole de Paris se composait de deux blocs, entre d'une part les séquelles 
        affaiblies du fauvisme et du cubisme et d'autre part les facilités 
        d'une peinture d'ameublement encore tributaire de l'impressionnisme, et 
        alors que l'abstraction n'y commençait son apparition que dans 
        la confidence, Humblot et ses amis Rohner et Jannot virent, s'opposant 
        à des options esthétiques fatiguées et aux déliquescences 
        d'un indifférent laisser-aller, dans la rigueur du réalisme 
        synthétique des Georges de Latour, des frères Le Nain, de 
        l'énigmatique Baugin, un recours à la possibilité 
        d'une expression de la condition de l'homme dans son univers, forte de 
        la caution d'un dessin et d'un modelé sévèrement 
        repensés et resserrés sur l'essentiel, non seulement de 
        la forme extérieure mais de la pensée créatrice. 
        Ces pôles de références historiques et ces quelques 
        principes, simples mais résolument affirmés, ont constitué 
        le socle théorique à partir duquel se fonda le groupe des 
        Forces Nouvelles. Les peintres du groupe entendaient donner à leur 
        position l'éclat d'une position de combat, convaincus que dans 
        le contexte de l'époque le retour à la tradition représentait 
        la plus osée des audaces. Sans s'affilier officiellement au groupe, 
        d'autres peintres se montrèrent alors intéressés 
        par sa dynamique, en particulier Pierre Tal-Coat, André Marchand 
        et peut-être aussi Francis Grüber. Le groupe prônait 
        le retour au dessin, au métier consciencieux de la tradition, mais 
        non pour s'isoler du monde moderne dans des sujets académiques, 
        au contraire pour l'exprimer plus directement dans son réalisme 
        cru. Encore auraient-ils pu préciser qu'ils ne se référaient 
        pas à n'importe quelle tradition, et en tout cas pas à celle 
        de l'académisme du XIXe siècle, mais à celle du caravagisme 
        au XVIIe siècle et du néo-classicisme de David, voire même 
        à Manet. Pour les peintres qui se reconnaissaient dans les principes 
        et les pratiques du groupe, la modernité ne consistait pas exclusivement 
        dans une modernité formelle, mais, de façon plus urgente, 
        dans la réalité de l'actualité. Par exemple, à 
        l'époque de la guerre civile d'Espagne, quand Picasso, depuis longtemps 
        plus expressionniste que cubiste, peint en 1937 le formidable hurlement 
        plastique de Guernica, Tal-Coat peint la série des Massacres, tandis 
        que Humblot, dès 1936, a peint L'entant mort, gisant à terre 
        au pied des paysannes terrorisées, ainsi que Les amours du Minotaure, 
        et, en 1937, Les Horreurs de la guerre. A cette époque-là, 
        Edouard Pignon et André Fougeron, poursuivant l'hypothétique 
        synthèse de la ligne de Picasso et de la couleur de Matisse, ne 
        semblaient guère dans leur peinture concernés par le monde 
        extérieur, tel qu'il allait ou plutôt tel qu'il n'allait 
        pas. Après la guerre encore, quand les deux blocs antagonistes 
        de l'Occident et de l'Est faisaient planer sur le monde entier l'éventuel 
        déferlement d'un cataclysme total, Humblot, pour en dénoncer 
        la menace et signifier le partage du monde entre deux calamités, 
        peignit en 1954 les personnages aux yeux hagards de La Faim et la Peur, 
        usant d'un procédé qu'il aura été un des seuls 
        à pratiquer assez couramment dans le XXe siècle : la composition 
        allégorique. Il convenait de s'attarder sur la partie de son oeuvre 
        vouée à ce qu'on peut appeler les peintures civiques, 
        en tant qu'elles permettent au plus près de reconnaître la 
        modernité spécifique de la mouvance de Forces Nouvelles, 
        d'autant que ce sont ces peintures qui constituent pour une grande part 
        dans l'oeuvre l'ensemble impressionnant des compositions à personnages 
        et des compositions allégoriques. L'oeuvre, tel qu'il fut présenté 
        dans son ensemble lors de l'exposition rétrospective du Musée 
        Galliera en 1964, est divers dans ses thèmes, s'il est totalement 
        cohérent dans son style. En complément des compositions 
        à personnages et allégoriques, les portraits et nus procèdent 
        du même regard qui réduit les lignes, les formes et les couleurs 
        à leur structure nécessaire et suffisante, les volumes, 
        des membres, des têtes, des paupières, tendant au cylindre 
        ou au sphérique, l'élimination radicale du détail 
        anecdotique conditionnant le caractère imposant des figures, que 
        ce soit dans le portrait de la chanteuse Juliette Gréco de 1956, 
        dans celui entièrement allongé de la fille du peintre Brigitte 
        au divan rouge de 1958 ou dans le malicieux double nu des Amies de pension 
        de 1959. Les paysages, marines et ports qu'Humblot peignait avec prédilection 
        du Finistère aux Alpilles de Provence en passant par la forêt 
        de Fontainebleau, de la Hollande à Venise, sont la partie sereine, 
        contemplative, de l'oeuvre. Dans le cours de sa vie, il peignit de plus 
        en plus de natures mortes, de poissons, d'oiseaux, de champignons, dans 
        lesquelles l'austérité janséniste de la facture se 
        confortait de la science du biologiste et mycologue.
 Comme l'avait observé un autre zoologiste : Le style c'est 
        l'homme même, celui de la peinture de Robert Humblot est en 
        accord parfait avec l'amical colosse qu'il fut, terrassé au moment 
        où il venait de trouver à Paris l'atelier de ses rêves. 
        Il était frappant de constater, ce qui est confirmé dans 
        ses autoportraits, à quel point il ressemblait à sa peinture 
        ou bien plutôt le contraire. Dans une époque où la 
        figuration apparaissait supplantée par les les courants novateurs, 
        dépassant la simple figuration, il sest affirmé dans 
        le plus intransigeant réalisme, débordant souvent sur l'expressionnisme. 
        La personnalité ascétique de son style propre a contribué 
        à redonner alors à la figuration une importance historique. 
        Dans les différents volets thématiques de son oeuvre, le 
        heurt sans transition de la lumière et des ombres, l'éclatement 
        soudain d'un rouge ou d'un vert dans le contexte volontairement retenu 
        de gris, d'ocres et de bruns, à peine modulés pour ne pas 
        rompre l'unité de la forme, son sens du concret qui statufie les 
        corps et fossilise la nature, correspondent à une attitude entière 
        devant le monde, et pourtant sous l'apparente évidence de ce monde 
        tel qu'il l'a recréé rôde, quil prétendait 
        ne pas l'habiter, l'angoisse.
 ^ 
   Pierre CABANNE : "Oeuvre née de l'abnégation, de la solitude et du refus, 
        qui ne doit rien aux influences, ni aux modes, long poème à 
        la fois pathétique et tendre qui se développe, des rigueurs 
        jansénistes et des dépouillements de l'époque des 
        "Forces Nouvelles" aux toutes dernières noires plus largement 
        écrites, plus empâtées avec une sorte de violence 
        contenue, plus colorées aussi où l'adieu du peintre s'adresse 
        aux plantes, aux bêtes, aux humbles compagnons de ses dialogues 
        amoureux avec la création."
 "Et voici le cortège des filles nubiles, les mains crispées, 
        le cou tendu, la bouche serrée, lasses des nuits solitaires ou 
        des plaisirs à demi pris. Cette épopée perverse a 
        son ordonnatrice de taille, une Juliette Gréco en collant "de 
        rat de cave"."
 "... Epopée, le mot est lâché. Le seul peintre 
        épique de notre époque est là, le seul à avoir 
        vu "grand" en témoin lucide d'un temps où rien 
        n'était plus à l'échelle "normale", au 
        niveau moyen, pas même la vie qu'il a quittée."
 (Beaux-Arts - 14 octobre 1964)
 ^ 
   Claude Roger MARX :   Un Réanimateur" "Rebelle à tout mot d'ordre, à toute mode, fidèle, 
        au risque de déplaire, aux mêmes accords, aux mêmes 
        désaccords, aux mémes réunions d'objets, aux mêmes 
        horizons (Saint-Paul-de-Vence, Les Baux, la forêt de Fontainebleau, 
        les cotes bretonnes), son oeuvre, qu'il est impossible de diviser, comme 
        tant d'outres, en maniéres successives, montre que rien n'a jamais 
        pu le détourner de sa ligne, modifier sa vision, altérer 
        son style. Quelque sujet qu'il traite - observé ou imaginaire - 
        il s'en empare avec un besoin agressif de possession et le rénove 
        en lui transmettant son souffle et sa sêve".
 ..."Tout ce qu'il peint est peint franc et dur et, si tant est qu'on 
        puisse accoupler ces deux termes, avec une sympathie féroce, l'eau, 
        la terre et le ciel n'offrant à ses yeux que carnage, la femme 
        même la plus douce, lui paraissant champignon vénéneux, 
        insecte dévorant ou reptile".
 (1964)
 ^ 
   RENÉ BAROTTE 
        : De 1934 à 1938, 
        il compose ces toiles pleines de 
        réalisme, qui, d'emblée, l'apparentent à un maître 
        du "clair obscur" qui n'était pas encore célèbre, 
        ce Georges de la Tour, aujourd'hui gloire de l'art français du 
        passé". "...HUMBLOT pousse l'analyse de la "figure 
        humaine", de la "nature morte", ou de l'objet au paroxysme".
 (22 novembre 1964)
 ^   
   LYDIA HARAMBOURG 
        : L'ÉCOLE DE PARIS - 1945/1965 - Dictionnaire 
        des Peintres Membre fondateur en 1935 du groupe «Forces 
        Nouvelles», Humblot est resté fidèle à sa conception 
        de Î'art, fondée sur la rigueur et l'exigence du métier, 
        face aux diverses orientations dont certaines étaient présentées 
        comme les expressions de l'avant-garde.Destiné à reprendre l'entreprise familiale de peinture, 
        il quitte sa famille en
 1926 pour entreprendre une carrière scientifique: depuis l'enfance, 
        il se passionne pour les sciences naturelles et a étudié 
        la mycologie au Muséum d'Histoire naturelle. Il vient de publier 
        ses premiers articles scientifiques avec ses propres illustrations dans 
        le «Bulletin de la Société mycologique de France» 
        : les chanipignons seront une permanence thématique de son oeuvre. 
        Suivent des années difficiles aux métiers divers lui laissant 
        du temps libre pour pouvoir dessiner. Ce goût pour le dessin, indissociable 
        de celui qu'il porte à la nature et à la flore, lui fait 
        fréquenter en 1930 les Académies libres, Colarossi et la 
        Grande Chaumière. Son second métier, musicien nocturne, 
        lui donnant la liberté de ses journées, il s'inscrit comme 
        élève libre aux Beaux-Arts en 1931, dans l'atelier de Lucien 
        Simon où il fait la connaissance de Georges Rohner, Henry Jannot 
        et Jacques Despierre.
 La même année il débute au Salon des Indépendants 
        auquel il participera régulièrement jusqu'en 1950. Pour 
        ces jeunes artistes déçus par l'enseignement qu'ils recevaient 
        aux Beaux-Arts, il devenait urgent de renouveler une peinture qui s'asphyxiait 
        à la fois dans les prolongenients excessivement colorés 
        des néoimpressionnistes et des fauves et dans les jeux des constructions 
        des post-cubistes.
 Déjà de nouvelles tendances se profilaien.t avec le «Néo-Humanisme», 
        la «Réalité Poétique», et des expositions 
        à thèmes, telle « Le Retour au sujet» (galerie 
        Billiet 1934).
 Mais en 1934, l'organisation de deux importantes expositions à 
        Paris, «Les Peintres de la réalité en France au XVIIème 
        siècle» (Musée de Î'Orangerie) et «Le 
        Nain» (Petit-Palais), allait avoir d'évidentes conséquences 
        sur les jeunes peintres de l'Ecole de Paris.
 Dès 1933 la galerie Carmine, rue de Seine, avait présenté 
        Humblot, Gruber, Despierre, Rohner, Auricoste, Chasseny, Cox, Kretz et 
        Ullmann.
 En 1934, à la demande du peintre C.Dufresne, Gruber organise une 
        salle au Salon des Tuileries avec des oeuvres de Rohner, Jannot et Humblot 
        qui expose Femme à la guitare. Pour l'orientation plastique suivie 
        notamment par Humblot et Rohner, leur appartenance au groupe baptisé 
        «Forces Nouvelles» par Henri Héraut, peintre, poète, 
        critique d'art et découvreur de talents, sera pour eux une aventure 
        capitale dans cette période qui précède la guerre 
        où déjà les mouvements s'ordonnent.
 Avril 1935 a lieu galerie Billiet-Pierre Vorms, 30, rue La Boétie, 
        la première manifestation «Forces Nouvelles» regroupant 
        Humblot, Jannot, Rohner, rejoints depuis par Jean Lasne, Alfred Pellan 
        et Tal Coat, présentés par Héraut qui écrit 
        dans sa préface aux allures de manifeste : « Six jeunes peintres, 
        qui ont compris que le temps des escamotages de dessin ou surcharge de 
        pâte était révolu... Six jeunes peintres, qui demeurent 
        convaincus que le retour à i'Humanisme, le retour au Portrait, 
        le retour au Sujet, etc., ne sont que des formules vides de sens,... si 
        i'on n'opère auparavant le retour au Dessin, le retour au métier 
        consciencieux de la Tradition dans un contact fervent avec la Nature ». 
        Préceptes auxquels Humblot ne faillira pas. Pour lui qui maîtrisera 
        très vite son écriture, un style énergique, puissant, 
        d'une grande sincérité, ne sacrifiant à aucune mode, 
        ces manifestations le font pressentir comme un héritier de la tradition 
        française.
 Il participe aux autres expositions, en mars 1936 galerie Billiet-Vorms 
        présentée par Eugenio d'Ors (Tal Coat et PelIan se sont 
        éloignés du groupe) et en avril-mai 1939, galerie de Berri, 
        12, rue de Berri, dirigée par Van Der Klip, sous le parrainage 
        de Georges Huisman, préfacée par Jacques Lassaigne, où 
        l'on ne trouve plus que le noyau du groupe:
 Humblot, Rohner, Jannot et Héraut, qui ensuite éclate. Parallèlement, 
        le mouvement soutenu par R. Cogniat, G. Diehl,
 J. Lassaigne, M. Florisoone, J. de Laprade, L. Chéronnet se voit 
        conforter par le Salon de la Nouvelle Génération, créé 
        par Henri Héraut. Le premier se tient galerie Charpentier, en janvier 
        1936 iony trouve Humblot, Brianchon, L. Fini, A. Marchand, Legueult, Oudot, 
        Rohner...) et le second en avril 1938 galerie Billiet-Vorms accompagné 
        d'un manifeste d'H. Héraut intitulé « Rupture », 
        qui contribua à relancer le débat tout en accusant les prises 
        de positions favorables ou hostiles, dont les répercussions immédiates 
        se vérifiaient à l'accueil réservé aux expositions 
        personnelles des protagonistes.
 1936 première exposition particulière de Bob Humblot (ainsi 
        surnommé), galerie Billiet-Vorms, avec des compositions et des 
        natures mortes. G. Huisman, ministre des Beaux-Arts lui achète 
        Le nu couché pour le Musée de Grenoble.
 1937 ayant participé au Salon des Jeunes Artistes, présenté 
        galerie des Beaux-Arts par R. Cogniat, avec des toiles importantes et 
        prémonitoires comme L'enfant mort de 1936 qui précède 
        de quelques mois Guernica, Les amours du Minotaure, La faiseuse d'ange, 
        il fait sa deuxième exposition galerie Billiet-Vorms, préfacée 
        par R. Cogniat et où figure de nouveau sa toile bouleversante Les 
        horreurs de la guerre. Une partie de son oeuvre tragique sera volée 
        ou détruite par les Allemands. 1937 voyageà Florence, Sienne 
        et Rome. 1939-1941 mobilisé ; il est fait prisonnier en Allemagne 
        d'où il s'évade. Il passe quelques mois à Villefranche-sur-mer 
        où il peint pour la première fois des paysages en plein 
        air. Puis il reprend contact avec des artistes lors d'un séjour 
        de six mois à Oppède dans le Vaucluse.
 Ses toiles sont exposées galerie Friedland en 1941. La zone libre 
        étant envahie, il passe l'hiver à Segonzat en Auvergne, 
        puis au printemps 1943 revient dans la forêt de Fontainebleau, lieu 
        devenu d'autant plus familier, qu'il acquiert une maison à Noisy-sur-Ecole 
        qu'il partage avec son atelier parisien. (Il est enterré dans le 
        cimetière de ce village.) Début d'une série de toiles 
        sur ces paysages minéraux, il s'intéresse à l'art 
        rupestre et découvre des grottes gravées.
 Ses toiles sont exposées galeries de France et Van der Klip (Berri) 
        qui se partagent le premier contrat du peintre.
 1945 expositions particulières galerie Barreiro et à la 
        fin de l'année galerie Claude, en 1946 galerie Chabanon.
 1947, sa toile Le naufragé est exposée au Whitney Museum 
        de New York. En avril, il effectue un voyage en Hollande avec sa jeune 
        femme en compagnie des Rohner, leurs meilleurs amis. Sa fille Brigitte 
        naît pendant ce séjour.
 Au retour, il expose des paysages de Hollande et d'Île-de-France 
        galerie Chabanon, décembre 1947-janvier1948.
 1950 inauguration de la galerie Framond avec une exposition Humblot-Oudot. 
        C'est Î'année où il découvre les Baux-de-Provence 
        où il retournera chaque année: autre source thématique 
        avec celle de la Bretagne où il se rend à Ouessant dès 
        1945-1946. Dernier séjour en 1961 pour la préparation du 
        livre « Les Filles de la pluie», de Savignon, et séjourne 
        à Saint-Guénolé en 1955, avec des points forts en 
        1956 et 1961.
 La galerie Framond l'expose encore en 1951 (il participe la même 
        année à l'exposition collective «Portraits dans un 
        miroir ou la Compagne d'un peintre ») et en 1953 où il présente 
        des toiles rapportées de Saint-Paul-de-Vence, quatre nus groupés 
        sous le titre La faim et la peur et des natures mortes (rascasses). Le 
        peintre maîtrise parfaitement ses moyens. Sa peinture évoluera 
        peu. A l'image de l'homme, intègre et sans concession.
 Sceptique, convaincu de l'incommunicabilité entre les êtres, 
        tout lui apparaît pétri d'hostilité, des accessoires 
        les plus anodins, aux portraits de femmes, redoutables mantes religieuses 
        malgré leur apparente douceur innocente. Son art est un exutoire. 
        Heureux parmi les siens, ami fidèle, il dissimule une extrême 
        pudeur, reflet de son intense sensibilité, par un brillant esprit. 
        «Entre la contrainte qu'il détestait et la lâcheté 
        qui l'indignait il avait trouvé un compromis heureux : l'humour. 
        Il le pratiquait en toute circonstance. C'était sa pente naturelle. 
        L'humour était pour lui le piment nécessaire de l'existence», 
        confie sa femme, Jacqueline Humblot, à Bertrand Duplessis. Ce sens 
        profond du drame qui l'habite, ce monde intérieur tourmenté, 
        il confie à ses pinceaux le soin de les traduire à travers 
        sa solitude de créateur. « Son plaisir est de se colleter 
        avec les apparences. De la plupart de ses tableaux on pourrait dire que 
        ce sont des corps à corps... Tout ce qu'ii peint est franc et dur. 
        . . avec une sympathie féroce. . . » écrit Claude 
        Roger-Marx (préface, exposition Musée Galliéra 1964). 
        Ce monde visuel qu'il nous offre n'existe que par rapport à la 
        lumière. Il lui délègue le rôle d'isoler les 
        volumes qu'elle fait naître, d'accentuer leurs structures à 
        partir de la modulation des pleins et des vides, enfin d'établir 
        la superposition des plans tout en durcissant la couleur. D'une palette 
        sombre à ses débuts, il a toujours exclu toute note chaude, 
        privilégiant les contrastes de clair-obscur. Ainsi dans ses vastes 
        compositions allégoriques et visionnaires, austères, Souvent 
        douloureuses, lourdes d'une fatalité du destin, fait-il intervenir 
        une pénombre mystérieuse, jetant sur ces visages blafards, 
        hagards, la blancheur d'un éclairage imaginaire. A aucun moment, 
        le peintre ne bascule dans le romantisme, conservant une composition dépouillée 
        et une exécution contrôlée. Cet univers tendu, aux 
        contours découpés, se retrouve dans ses natures mortes dont 
        il nous transmet la poésie des objets les plus humbles façonnés 
        par l'ombre et la lumière, ainsi que dans ses paysages qu'il peint 
        presque toujours sur le motif. Il renoue alors avec les éléments 
        végétaux, les pierres. Même contour incisif des arêtes 
        se figeant sur un ciel implacable dans un jeu subtil de valeurs rapprochées. 
        Il célèbre avec la même crudité les sites les 
        mieux servis par la lumière : la forêt de Fontainebleau dont 
        il a contribué à rendre célèbre le site dit 
        des Trois Pignons, les Alpilles, la Bretagne du phare d'Eckmühl et 
        aussi Venise où il passe l'été 1954. Ses rendez-vous 
        familiers alternent avec quelques voyages: 1957 en compagnie de sa femme 
        et d'un couple d'amis il traverse en camion l'Afrique, d'Alger au Congo 
        belge; 1959 voyage aux Antilles où il peint une série de 
        toiles destinées au catalogue Nicolas, et au Mexique. Plus proche, 
        son second voyage en Auvergne en 1952 à Sauvagnat-Sainte-Marthe 
        d'où il rapporte de nombreux paysages.
 Séjourne à La Gaude dans les AlpesMaritimes en 1953 et 1954.
 En 1955 a lieu une nouvelle exposition particulière, galerie Romanet, 
        avenue Matignon où ses tableaux seront régulièrement 
        exposés.
 ^ |